Le Libre-Echange ou le Protectionnisme, Quel choix pour Haïti ?
Depuis bien des décennies, l’économie mondiale est entrée dans une ère de mondialisation, fondée sur la liberté des échanges, l’essor de la « nouvelle économie » l’innovation dans les technologies de l’information et de la communication. Ainsi, beaucoup de pays dans le but de faire accroitre leur économie par le commerce veulent à tout prix garder la pérennité de cette croissance à travers des traités internationaux en adoptant des principes économiques comme le libre-échange ou le protectionnisme.
Ainsi en Haïti, après le départ du régime de Duvalier en 1986, la Banque Mondiale (BM) et le Fond monétaire International (FMI) ont proposés au gouvernement haïtien un programme d’ajustement structurel (PAS) dans le but d’ouvrir l’économie haïtienne au commerce international. En un sens d’adopter le principe du libre-échange. En effet, plus de trente ans de cela on peut dire que les objectifs de ces organisations ont échoué dans leur mission et Haïti n’a fait « yon pa kita yon pa nago » et reste toujours dans le profond sommeil du sous-développement. Dans un tel dilemme ne serait-il pas important de questionner sur la cause de cet échec ? Quels sont les impacts qui empêchaient le pays d’utiliser efficacement ce principe pour faire accroitre son économie? L’économie haïtienne était-elle trop mineure pour un système pareil ? L’adoption du protectionnisme serait-il plus bénéfique pour le pays?. Ce sont ces interrogations qui vont guider notre analyse.
À noter qu’une zone de libre échange est une zone où les biens et services de chaque pays membre sont échangés sans taxe excessive. Dans le cas d’Haïti nous voyons que ce principe n’a pas apporté de profits en comparaison à d’autres pays. Il est clair qu’on ne peut pas vendre si on n’a rien, donc la faiblesse de production, le manque d’investissement, les crises socio-politiques, nous laissent à comprendre mieux cet échec. Au lieu de faire augmenter la croissance économique ces conséquences créent au contraire une décroissance économique. De plus, le manque de maturité de notre économie explique en quelques sortes cet échec. Thomas MALTHUS à travers son ouvrage Principe de la Population ( 1798) observe que les êtres vivants se reproduisent naturellement à un rythme exponentiel, alors que les ressources croissent à un rythme beaucoup moins rapide dite arithmétique. C’est le cas de la population haïtienne durant ces dernières décennies car elle a connu une croissance démographique fulgurante et le fait que les ressources qui ont été disponibles ne pouvaient même pas satisfaire les besoins des haïtiens voire l’extérieure donc un tel principe ne pourrait guère apporter un résultat satisfaisant. Par conséquent, en raison des exigences intérieures qu’il ne peut même pas contrôler, le pays est devenu moins compétitif sur le marché commercial international et donc l'échec de ce principe est imminent.
Faut-il toujours prioriser le libre-échange ou de se tourner sur le protectionnisme en Haïti? La question pose débat mais toutefois vu de cet échec prématuré engendré surtout par la faiblesse de notre économie ainsi que par l’ingérence des organisations internationales telles le FMI, l’OMC, le GATT etc. qui semble de ne pas bien comprendre la réalité de l’économie haïtienne. À entendre déjà certains responsables manifester cette fois publiquement leurs désaccords vis-à-vis de ce principe, dont Grégory Brandt un économiste Haïtien, a déclaré au cours d’un déjeuner organisé par la chambre franco-haïtienne de commerce le jeudi 1 Février 2018 en disant que : « Beaucoup de pays se sont enrichis à travers les échanges pendant que d’autres peinent encore à trouver la bonne formule… ces pays ont connu des développements incessants au cours des dernières décennies ».[1] Cela peut signifier que ce ne sont pas les accords de libre-échange qui posent problème mais plutôt ils sont d’origine de l’économie haïtienne. Contrairement de cet avis, le jeune économiste haïtien Etzer Emile auteur du livre «Haïti a choisi de devenir un pays pauvre » a montré ses désaccords et a rappelé à cette même occasion les impacts désastreux qu’ont eus ces accords sur l’économie haïtienne. De ce fait il est impératif de dire qu’Haïti s’il désire vraiment de continuer à adopter cette politique doit en quelques sortes remanier les systèmes des choses et a besoin de nouvelles orientations sur le long terme. Le pays a besoin avant tout un élan dans la production ainsi que les autres activités qui peuvent être entrées en ligne de compte. Il a toutefois besoin des normes prévisibles pour les prochaines années, définir la planification de la production de la société à savoir le quoi produire ? Le Comment produire ? Et le pour qui produire ? De plus dans le but d’éviter un nouvel échec il faut que l‘état contrôle, ses exportations, ses importations et ses investissements, et d’être autonome économiquement par rapport de l’étranger. Et si on s’oriente de cette manière dans un délai raisonnable on peut tous voir comment les résultats pourront être bénéfiques pour le pays et exclusivement pour chacun de nous fils et filles du pays. L'adoption du protectionnisme se serait pas en sa faveur car de nos jours aucun pays ne peut pas vivre en autarcie. Encore moins pour nous, puisque la consommation nationale dépend uniquement de l'étranger.
Sources : https://lenouvelliste.com/article/182757/haiti-na-ratifie-ni-implemente-aucun-traite-de-libre
Auteur : Romel Bito FENELUS
Etudiant en Economie
(Université Notre Dame d’Haïti)