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Le Libre-Echange ou le Protectionnisme, Quel choix pour Haïti ?

      



Le Libre-Echange ou le Protectionnisme, Quel choix pour Haïti ?

Depuis bien des décennies,  l’économie mondiale est entrée dans une ère de mondialisation, fondée sur la liberté des échanges, l’essor de la « nouvelle économie » l’innovation dans les technologies de l’information et de la communication. Ainsi, beaucoup de pays dans le but de faire accroitre leur économie par le commerce veulent à tout prix garder la pérennité de cette croissance à travers des traités internationaux en adoptant des principes économiques comme le libre-échange ou le protectionnisme.

 Le libre-échange est un principe économique adopté à l’échelle mondiale, prônant la spécialisation internationale et l’abolition de toute contrainte en matière d’échanges internationaux. Le protectionnisme de son côté a pour objet de protéger les productions nationales par des tarifs appliqués aux produits étrangers et de la concurrence des producteurs des autres pays, il comporte le protectionnisme tarifaire (droits de douanes pour produits entrants) et non-tarifaire (règlementations contraignantes et barrières administratives). A noter que ces deux principes économiques peuvent avoir des bienfaits ainsi que des méfaits dépendamment de la structure économique prédisposée du pays qui les adopte. Etant également des politiques économiques cela revient aux dirigeants de faire des choix entre ce qu’ils veulent appliquer  entre les deux en fonction de leur vision économique pour leur pays.

Ces deux principes économiques ont connu des divergences d’idées assez intéressantes, ainsi l’un des partisans du libre-échange l’économiste Fréderic Bastiat disait : «Ceux qui sont pour le protectionnisme, c’est pour obtenir l'instauration de droits de douane sur les marchandises importées dans le but de protéger leurs propres intérêts, mais qui essaient d'obtenir cette loi en invoquant un prétendu bénéfice collectif». (MAZEROLLE Fabrice, Histoire des Faits Economiques, 2008, pp.161). D’autre côté, l’un des partisans du protectionnisme Maurice Allais, prix Nobel d’économie en 1988, estimait que « la libéralisation totale des échanges à l’échelle mondiale, objectif affirmé de l’Organisation mondiale du commerce, doit être considérée à la fois comme irréalisable, comme nuisible, et désavantageuse,….» (Raphaël WINTREBERT, In Fondation pour l’innovation politique, Libre-échange, protectionnisme : comment sortir d’un faux dilemme ?pp. 9). Malgré ces différences d’idées le choix de l’un entre les deux  se révèle d’une importance capitale pour l’activité économique et beaucoup de pays ont fait leur choix.

Ainsi en Haïti, après le départ du régime de Duvalier en 1986, la Banque Mondiale (BM) et le Fond monétaire International (FMI) ont proposés au gouvernement  haïtien un programme d’ajustement structurel (PAS) dans le but d’ouvrir l’économie haïtienne au commerce international. En un sens d’adopter le principe du  libre-échange. En effet, plus de trente ans de cela on peut dire que les objectifs de ces organisations ont échoué dans leur mission et Haïti n’a fait « yon pa kita yon pa nago » et reste toujours dans le profond sommeil du sous-développement. Dans un tel dilemme ne serait-il pas important  de questionner sur la cause de cet échec ? Quels sont les impacts qui empêchaient le pays d’utiliser efficacement ce principe pour faire accroitre son économie? L’économie haïtienne était-elle trop mineure pour un système pareil ? L’adoption du protectionnisme serait-il plus bénéfique pour le pays?. Ce sont ces interrogations qui vont guider notre analyse.

 À noter qu’une zone de libre échange est une zone où les biens et services de chaque pays membre sont échangés sans taxe excessive. Dans le cas d’Haïti nous voyons que ce principe n’a pas apporté de profits en comparaison à d’autres pays. Il est clair qu’on ne peut pas vendre si on n’a rien, donc la faiblesse de production, le manque d’investissement, les crises socio-politiques, nous laissent à comprendre mieux cet échec. Au lieu de faire augmenter la croissance économique ces conséquences créent au contraire une décroissance économique. De plus, le manque de maturité de notre économie explique en quelques sortes cet échec. Thomas MALTHUS à travers son ouvrage Principe de la Population ( 1798) observe que  les êtres vivants se reproduisent naturellement à un rythme  exponentiel, alors que les ressources croissent à un rythme beaucoup moins rapide dite arithmétique. C’est le cas de la population haïtienne durant ces dernières décennies car elle a connu une croissance démographique fulgurante et le fait que les  ressources qui ont été disponibles ne pouvaient même pas satisfaire les besoins des haïtiens voire l’extérieure  donc un tel principe ne pourrait guère apporter un résultat satisfaisant. Par conséquent, en raison des exigences intérieures qu’il ne peut même pas contrôler, le pays est devenu moins compétitif sur le marché commercial international et donc l'échec de ce principe est imminent.

Faut-il toujours prioriser le libre-échange ou de se tourner sur le protectionnisme en Haïti? La question pose débat mais toutefois vu de cet échec prématuré engendré surtout par la faiblesse de notre économie ainsi que par l’ingérence des organisations internationales telles le FMI, l’OMC, le GATT etc. qui semble de ne pas bien comprendre la réalité de l’économie haïtienne. À entendre déjà certains responsables manifester cette fois publiquement leurs désaccords vis-à-vis de ce principe, dont Grégory Brandt un économiste Haïtien, a déclaré au cours d’un déjeuner organisé par la chambre franco-haïtienne de commerce le jeudi 1 Février 2018 en disant que : « Beaucoup de pays se sont enrichis à travers les échanges pendant que d’autres peinent encore à trouver la bonne formule… ces pays ont connu des développements incessants au cours des dernières décennies ».[1] Cela peut signifier que ce ne sont pas les accords de libre-échange qui posent problème mais plutôt ils sont d’origine de l’économie haïtienne. Contrairement de cet avis, le jeune économiste haïtien Etzer Emile auteur du livre «Haïti a choisi de devenir un pays pauvre » a montré ses désaccords et a rappelé à cette même occasion les impacts désastreux qu’ont eus ces accords sur l’économie haïtienne. De ce fait il est impératif de dire qu’Haïti s’il désire vraiment de continuer à adopter cette politique doit en quelques sortes remanier les systèmes des choses et a besoin de nouvelles orientations sur le long terme. Le pays a besoin avant tout un élan dans la production ainsi que les autres activités qui peuvent être entrées en ligne de compte. Il a toutefois besoin des normes prévisibles pour les prochaines années, définir la planification de la production de la société à  savoir  le quoi   produire ? Le Comment   produire ? Et le pour qui produire ? De plus dans le but d’éviter un nouvel échec il faut que l‘état contrôle, ses exportations, ses importations et ses investissements, et d’être autonome économiquement par rapport de l’étranger. Et si on s’oriente de cette manière dans un délai raisonnable on peut tous voir comment les résultats pourront  être bénéfiques pour le pays et exclusivement pour chacun de nous fils et filles du pays. L'adoption du protectionnisme se serait pas en sa faveur car de nos jours aucun pays ne peut pas vivre en autarcie. Encore moins pour nous, puisque la consommation nationale dépend uniquement de l'étranger. 





 

 

Auteur : Romel Bito FENELUS

Etudiant en Economie

(Université Notre Dame d’Haïti)




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